L'auteur
Kenneth CATANIA est professeur de biologie et neurobiologiste au Département de biologie de l'Université Vanderbilt de Nashville, aux États-Unis.
L'homme ne devrait jamais sous-estimer les capacités des animaux parfois qualifiés de primitifs ; la complexité du comportement d'un reptile, le serpent à tentacules, en est un exemple surprenant ! Cet animal, Erpeton tentaculatus, vit dans l'eau et ne mesure pas plus de 60 centimètres à l'âge adulte. Il est originaire de Thaïlande, du Cambodge et du Sud du Vietnam. Vivipare, il donne naissance directement à des petits indépendants, et il ne se nourrit que de poissons. Son nom lui vient d'une caractéristique physique remarquable : il a un petit tentacule de chaque côté des narines.
J'ai découvert ce serpent il y a environ dix ans dans un aquarium du zoo de Washington, aux États-Unis. Il y était immobile, aux aguets, semblable à un morceau de bois en forme de j, une attitude caractéristique que les serpents prennent quand ils chassent. En l'observant, je me demandai à quoi pouvaient servir ses tentacules dont aucun autre serpent n'est pourvu. Sont-ils des détecteurs de poissons ? À l'époque, on l'ignorait, puisque toutes les hypothèses formulées à ce sujet – y compris la mienne – n'avaient jamais été testées de façon expérimentale. Je décidai donc de résoudre le mystère de la fonction de ces tentacules.
Mais à mesure de mes recherches, le serpent à tentacules s'est révélé encore plus intéressant. Il utilise différentes stratégies d'attaques complexes pour capturer ses proies. Même les tout jeunes...