background image

Laurent Dabouineau

& Alain Ponsero

SynthĂšse sur 

la biologie des

coques 

Cerastoderma edule

Baie de Saint-Brieuc

Baie de Saint-Brieuc

HĂŽte dĂ©finitif (

HD

) un 

oiseau marin par exemple 

HĂŽte provisoire 1 (

HP1

un gastĂ©ropode Hydrobie 

(3 mm) par exemple 

HĂŽte provisoire 2 (

HP2

la coque 

RĂ©serve Naturelle

B A IE  D E  S A IN T- B R IE U C

background image

SynthĂšse sur la biologie des coques 

Cerastoderma edule

.

Laurent Dabouineau*  Alain Ponsero **

* Laboratoire de Biologie et Ecologie, UniversitĂ© U.C.O. Bretagne Nord BP 90431 22200 Guingamp

** RĂ©serve  Naturelle de la Baie de Saint-Brieuc - Site de l’étoile  22120  Hillion

1 - Classification : 

Embranchement : Mollusque 

Genre : 

Cerastoderma

Classe : Bivalve 

EspĂšce : 

edule

Ordre : 

Veneroida

Description : Linné (1758)

Famille : 

Cardiidae

Synonyme (avant 1950) 

Cardium edule

2 - Anatomie de la coquille : 

Les deux valves de la coquille sont identiques, mais inĂ©quilatĂ©rales.
Forme arrondie, globuleuse. Taille : jusqu’à 40 mm
Coquille avec 22 Ă  28 cĂŽtes radiantes bien visibles.
Ligament externe. Substance « caoutchouteuse Â» qui tend en permanence Ă  ouvrir la

coquille (Figure 1).

Deux empreintes de muscles adducteurs (ces muscles servent Ă  refermer la coquille).
Empreinte de la ligne palléale sans sinus.

2

RĂ©serve Naturelle

SynthĂšse sur la biologie des coques

Empreinte de la 
ligne pallĂ©ale 

Empreinte du muscle 
adducteur postĂ©rieur 

Empreinte du muscle 
adducteur antĂ©rieur 

Ligament 

CĂŽtes radiantes 

background image

3

3 - Distribution :

On la trouve plus particuliĂšrement dans les estuaires et les baies sableuses. Sa
distribution va de la Norvùge au Portugal. On peut la retrouver jusqu’au
Sénégal.
Elle vit sur une large proportion de la zone de balancement des marées (zone
intertidale).
Sur une mĂȘme zone gĂ©ographique, Ă  l’échelle d’une baie comme celle de
Saint-Brieuc, la répartition des coques est agrégative (Figure 2). On en trou-
vera donc beaucoup sur certaines zones de quelques mÚtres carrés ou dizaines
de mĂštres carrĂ©s, et sur d’autres, trĂšs peu. Les densitĂ©s en 2003 peuvent aller
de 0 Ă   1900 individus/mÂČ  (Ponsero et al. 2003).

4 – Mode de vie :  

Forme de vie : 

fouisseur.

Ce bivalve maintient sa position dans le sédiment grùce à un pied (Figure 3)
qui s’insinue dans le sable et tire la coquille. La coque est ainsi protĂ©gĂ©e des
vagues mais aussi des nombreux prédateurs aquatiques (crabes) et terrestres
(oiseaux marins, hommes
).

Mode d’alimentation : «

Suspensivore

actif». 

La coque filtre l’eau de maniùre active grñce à l’ouverture de deux siphons à
la surface du sĂ©diment (Figure 3). Elle filtre l’eau Ă  travers ses branchies et ses
palpes puis retient le phytoplancton, zooplancton et les particules de matiĂšres
organiques. Tous ces Ă©lĂ©ments sont agglomĂ©rĂ©s dans un mucus et dirigĂ©s vers
la bouche grĂące Ă  de trĂšs nombreux cils formant une sorte de tapis roulant.

RĂ©serve Naturelle

SynthĂšse sur la biologie des coques

Fig. 2 : RĂ©partition des coques sur
l'estran de la Baie de Saint-Brieuc
(carte : RĂ©serve Naturelle ;
Ponsero et a l. 2003)

 

Siphon 

Pied 

Fig. 3 : Coque en situation dans le
sédiment

background image

4

La digestion a lieu dans un intestin Ă  l’aide d’enzymes et de bactĂ©ries. On trou-
vera facilement dans la coque le style cristallin, sorte de baguette de verre (fig-
ure 4), totalement translucide qui est une rĂ©serve d’enzymes digestifs que la
coque utilisera progressivement.

Remarque : 
En marchant sur l’estran on pourra trouver des coques vivantes à la surface du
sédiment. Elles représentent en général une proportion assez faible de la popu-
lation. Ces coques sont remontĂ©es Ă  la surface d’elles-mĂȘmes ou ont Ă©tĂ© victi-
mes d’un dĂ©chaussement, c’est-Ă -dire d’un dĂ©placement du sĂ©diment dĂ», par
exemple, au changement de parcours d’une filiùre. Ces coques sont souvent
trĂšs affaiblies et ont perdu leur capacitĂ© Ă  s’enfouir. Nous avons comparĂ© cette
capacité expérimentalement. Ces coques ont été déposées sur 5 cm de sédi-
ment recouvert de 5 cm d’eau, et espacĂ©es de quelques centimĂštres. Nous
avons simplement quantifié les coques enfouies au bout de 2 heures. Les résul-
tats sont présentés figure 5.

RĂ©serve Naturelle

SynthĂšse sur la biologie des coques

fig 4 - style cristallin enzymatique (extrait du tube digestif pour la photo)

0

10

20

30

40

50

60

70

80

%

Profondeur

Surface

Fig. 5 : CapacitĂ© d’enfouissement des coques de profondeur (n=127)

et des coques remontantes (surface n=139), en % de coques enfouies aprĂšs 2 heures.

(Données U.C.O. Juin 2003)

background image

5

Afin de confirmer que ces coques sont trĂšs affaiblies au point de ne plus pou-
voir s’enfouir, nous avons mesurĂ© un indice de condition donnant une vision
générale de leur état de santé. Nous avons calculé le rapport entre le poids sec
de la chair de l’animal et le poids de sa coquille, ce qui permet d’évaluer si les
animaux sont amaigris (figure 6).

La diffĂ©rence entre les deux groupes est significative (test Anova p<0,01) et
reprĂ©sente  25 % de poids sec en moins pour les coques de surface. Elles sont
donc trĂšs amaigries et certainement mourantes.

5 - Reproduction

Les coques vivent en moyenne 2 Ă  4 ans mais peuvent exceptionnellement
atteindre 10 ans. Leur maturité sexuelle est atteinte dÚs leur deuxiÚme année
(taille d’environ 20 mm ; 15 Ă  18 mois). Certains auteurs ont pu observer une
reproduction dÚs leur premiÚre année si leur croissance est trÚs rapide (Seed &
Brown, 1977). La maturité sexuelle semble dépendre plus de la taille que de
l’ñge des individus (Kristensen 1957 ; Hancock et Franklin, 1972). Elle peut
ĂȘtre atteinte en quelques mois en baie de Somme (Lemoine et al, 1988) jusqu’à
2 ans en Irlande du nord (Seed et Brow, 1977). 
Les coques sont gonochoriques (sexes séparés), il y a donc des individus mùles
et des individus femelles. MĂąles et femelles Ă©mettent leur semence dans l’eau
entre mars et juillet. Le phénomÚne de ponte serait induit par un accroissement
de la tempĂ©rature plutĂŽt qu’a une valeur absolue de celle-ci. 
La littĂ©rature est unanime Ă  reconnaĂźtre qu’un hiver rigoureux stimule la repro-
duction en synchronisant les Ă©missions de gamĂštes des deux sexes et en pro-
voquant une meilleure fertilité.

La production d’ovules est fonction de la taille de l’individu et varie selon
Kristensen (1957) de 5600 Ă  52 000 par femelle de 18 Ă  38mm.
Les spermatozoïdes féconderont les ovules pour former des oeufs de 50 à
60 Â”m. 

RĂ©serve Naturelle

SynthĂšse sur la biologie des coques

0,05

0,055

0,06

0,065

0,07

0,075

0,08

0,085

0,09

Profondeur

Surface

Indi

ce

Fig. 6 : Indice de condition (IC = poids sec chair / poids sec coquille) ±  Erreur-type 

des coques de profondeur (n=60) et de surface (n=61).

(Données U.C.O. Juin 2003)

background image

6

Ils se développeront pour former une larve planctonique
nommĂ©e « trochophore Â» (figure 7) puis « vĂ©ligĂšre Â».
En 3 jours la larve planctonique va développer une
minuscule coquille et va atteindre 270 ?m en 3 Ă  5 semai-
nes (Creek, 1960). En Ă  peine 3 mois elle fera environ 1
mm. 

6 - Recrutement :

On appelle recrutement, l’installation des larves planctoniques dans le sĂ©di-
ment. Les jeunes larves d’un millimĂštre et possĂ©dant une petite coquille vont
se poser sur le sable et avec leur pied chercher à s’enfouir. Cela se produira
entre mai et juin pour la plupart des coques de la Baie de Saint-Brieuc et dans
une moindre mesure, jusqu’en septembre. 
Le sédiment doit présenter des caractéristiques granulométriques favorables à
la fixation de l’eau : entre 50 et 200

”

m en baie de Sommes (Lemoigne et 

al

.,

1988), entre 100 et 125

”

m en baie de Saint-Brieuc, car la survie des jeunes

dĂ©pend d’une bonne rĂ©tention en eau (taux d’humiditĂ© entre 30 et 35% pour les
sites de recrutement en baie de Saint-Brieuc). D’autre part, la tempĂ©rature
semble ĂȘtre un facteur primordial quant aux possibilitĂ©s de survie des larves
planctoniques (Baggerman, 1954) surtout au moment de leur implantation
dans le substrat.

Si toutes ces conditions ne sont pas réunies, la jeune coque peut chercher un
meilleur site. Pour cela elle va produire du byssus, sorte de filaments pro-
tĂ©iques, qui vont permettre d’augmenter sa surface portante et donc d’ĂȘtre
remise activement en suspension et transportĂ©e par les courants vers d’autres
lieux. Ce type de dĂ©placement est nommĂ© « migration bysso-pĂ©lagique Â»
(Montaudouin, 1997).

7 - Croissance : 

Cerastoderma edule

a une croissance trÚs rapide les deux premiÚres années,

ensuite elle décline. La courbe, figure 8, montre clairement ce phénomÚne.
Une coque va donc atteindre sa taille minimale de capture (3 cm en Baie de
Saint-Brieuc) en 2 ans œ environ.
Un certain nombre de facteurs va affecter la croissance des coques comme par
exemple la saison, la localisation gĂ©ographie (Hancock, 1967; Ducrotoy 

et al

.,

1991), la tempĂ©rature de l’eau (Smaal 

et al.,

1997), la disponibilité en nourri-

ture ou la densité des coques (Jensen, 1993; Montaudouin & Bachelet, 1996).

RĂ©serve Naturelle

SynthĂšse sur la biologie des coques

Estomac cilié

 

Bouche

 

Anus

 

Troque : 
couronne 
de cils

 

Fig. 7 schĂ©ma de la larve trochophore 

(Biodidac, Université Ottawa)

background image

7

Fig. 8 : Croissance des coques en Baie de Saint-Brieuc

(DonnĂ©e 2003 : valeurs modales des cohortes  

A. Ponsero (réserve de la Baie) et L. Dabouineau (Université UCO))

En Baie d’Arcachon Montaudouin & Bachelet (1996) ont montrĂ© que la crois-
sance des coques Ă©tait en lien avec la position de la coque sur l’estran. En bas
de l’estran elles grossissent plus vite car elles subissent moins le phĂ©nomĂšne
de la marĂ©e et passent donc plus de temps Ă  filtrer et s’alimenter. La croissan-
ce est donc aussi dĂ©pendante du temps d’immersion.
La croissance est saisonniÚre, elle débute en mai au pays de Galle, elle est
maximale de juin à août et négligeable ensuite (Seed & Brown, 1977; Hancock
& Franklin, 1972). Les coques vont en gĂ©nĂ©ral perdre du poids l’hiver et subir
une mortalitĂ© importante en lien avec la rigueur de l’hiver.

Cette croissance trĂšs saisonniĂšre va entraĂźner au
niveau de la coquille des stries d’accroissement
(Figure 9) qui peuvent permettre de dĂ©terminer l’ñge
des individus, et mĂȘme d’étudier la croissance diffĂ©-
rentielle des populations (Richardson 

et al.

, 1980;

Jones & Baxter, 1987a). La lecture des stries reste
cependant difficile car des variations de croissance
au cours d’une mĂȘme annĂ©e entraĂźne une formation
de stries supplémentaires.

8 – Dynamique des populations

Les effectifs de coques peuvent varier d’annĂ©e en annĂ©e sur certains sites ou
rester stables sur d’autres sur de plus longues pĂ©riodes. DiffĂ©rents facteurs sont
invoqués pour agir sur la croissance et la densité dans les populations naturel-
les. Le schéma suivant (Figure 10) extrait de la thÚse de Montaudouin (1995)
les présente de maniÚre synthétique.

RĂ©serve Naturelle

SynthĂšse sur la biologie des coques

Mai

Juillet

Septembre

Juillet

Septembre

Septembre

0

0,5

1

1,5

2

2,5

3

3,5

0

5

10

15

20

25

30

35

mois

ta

ille

 e

n

 c

m

1

er

 Hiver 

3

Ăšme

 Hiver 

2

Ăšme

 Hiver 

Fig. 9 : Stries d’accroissement
(coque de 4,2 cm)

background image

8

Fig. 10 : Facteurs rĂ©gulant la dynamique des populations de coques.

Extrait de Montaudouin (1995)

En Baie de Saint-Brieuc la dynamique est complexe (cf Ponsero 

et al.

2003).

Sans Ă©tudes poussĂ©es, il est difficile d’invoquer les facteurs responsables des
faibles recrutements dans l’Est de la Baie, les mortalitĂ©s Ă©levĂ©es et la faible
quantité de coques de taille supérieure à 3 cm. Cependant certains facteurs
semblent à priori plus pertinents. Les macrophytes et notamment la proliféra-
tion des algues vertes (

Ulva

) pourraient ĂȘtre responsables des faibles recrute-

ments, voir de l’asphyxie des animaux. L’impact de la pĂȘche Ă  pied de loisir ou
des professionnels reste difficile à évaluer mais semble non négligeable. Les
pollutions diffuses pourraient ĂȘtre invoquĂ©es notamment par l’apport des 4
bassins versants de fond de Baie. Les courants Ă©tant trĂšs faibles, les toxiques
vont stagner et s’accumuler. Cependant, les activitĂ©s Urbaine et industrielle
associĂ©es aux pratiques agricoles intensives ne pourront ĂȘtre invoquĂ©es qu’a-
prĂšs Ă©tude sur du long terme. Un dernier facteur, l’impact du parasitisme, est
rarement évoqué dans les études de dynamique des populations de bivalves. Le
chapitre suivant souligne l’importance du phĂ©nomĂšne sans pour autant en Ă©va-
luer l’impact.
Enfin, pour conclure ce chapitre, il est certain qu’il faille envisager une inter-
action de plusieurs facteurs. La conjugaison de plusieurs facteur peut, en effet,
amplifier considérablement les phénomÚnes. Par exemple, une pollution diffu-
se peut fragiliser les individus qui vont ĂȘtre moins rĂ©sistants et donc plus sen-
sibles Ă  l’attaque des parasites ou des prĂ©dateurs. L’impact de ces facteurs en
interaction étant supérieur à celui de la simple somme des deux.

SynthĂšse sur la biologie des coques

Densité

                      

Biomasse  

                      individuelle

 

Recrutement 

Croissance 

AccessibilitĂ© Ă  l’habitat  

DĂ©pend de :  
   Hydrodynamisme  
   Nature du substrat  
   CompĂ©tition  
   Bioturbat ion

 

AccessibilitĂ© Ă  la 
ressource alimentaire  

DĂ©pend de : 
   DurĂ©e d’émersion  
   CompĂ©tition

 

   Macrophytes (algues)  

MortalitĂ©  -  Emigration 

PrĂ©dation                   

PĂȘche 

Age  

 

Macrophytes 

(Algues)  

Hydrodynamisme   

Parasitisme  

Pollution  

background image

9

9 - Parasitisme des coques

Les coques constituent, comme tous les animaux, un milieu de vie pour d’au-
tres organismes qui vont vivre totalement au dépend des premiers. Ce phéno-
mĂšne est appelĂ© parasitisme. L’animal parasite va vivre dans son hĂŽte (ici la
coque) et va ĂȘtre plus ou moins nĂ©faste pour lui.
Un certain nombre de parasites sont connus chez la coque. On pourra trouver
des protozoaires ciliĂ©s vivant dans l’eau intervalvaire, des crustacĂ©s dans l’in-
testin et surtout plusieurs espùces de petits vers plats de l’embranchement des
Plathelminthes (classe des trématodes digéniens) dans différents organes. Ces
vers plats ont des cycles biologiques trĂšs complexes. 

A - Les parasites TrĂ©matodes digĂ©niens

L’adulte du parasite vit chez un vertĂ©brĂ© (oiseau ou poisson que l’on nomme-
ra hĂŽte dĂ©finitif : HD) et va Ă©mettre des Ɠufs qui vont se retrouver dans l’eau
via les excrĂ©ments du vertĂ©brĂ©. De cet Ɠuf va naĂźtre une petite larve qui va
immĂ©diatement rechercher un deuxiĂšme hĂŽte (HĂŽte Provisoire 1 : HP1) pour
se multiplier. Il s’agit le plus souvent d’un mollusque. La coque pourra ĂȘtre
l’un de ces mollusques. Des larves seront produites en trùs grand nombre par
multiplication asexuĂ©e puis seront libĂ©rĂ©es dans l’eau. 
Un troisiĂšme hĂŽte (HĂŽte Provisoire 2 : HP2) sera utilisĂ© pour que cette nou-
velle larve puisse rejoindre facilement l’hĂŽte dĂ©finitif. En fait HP2 fait le plus
souvent parti du rĂ©gime alimentaire de l’hĂŽte dĂ©finitif. De cette maniĂšre l’hĂŽ-
te dĂ©finitif, en consommant HP2 ingurgite le parasite en mĂȘme temps, et se
contamine. La forme larvaire du parasite dans ce cas est différente, car son rÎle
n’est plus de se multiplier, mais d’attendre.
Le parasite va donc passer successivement dans 3 organismes hÎtes différents
(Figure 11)

RĂ©serve Naturelle

SynthĂšse sur la biologie des coques

HĂŽte dĂ©finitif (

HD

) un 

oiseau marin par exemple 

HĂŽte provisoire 1 (

HP1

un gastĂ©ropode Hydrobie 

(3 mm) par exemple 

HĂŽte provisoire 2 (

HP2

la coque 

Fig. 11  : Exemple de 3 hĂŽtes successifs qui permettra de boucler le

Cycle biologique d'un parasite trématode digénien

background image

10

Quatre exemples de parasites Plathelminthes (vers plats) trouvés dans des
coques en Baie de Saint-Brieuc : 

1 -  TrĂ©matodes DigĂ©niens (cycle passant par 3 hĂŽtes successifs)

RĂ©serve Naturelle

SynthĂšse sur la biologie des coques

Larve cercaire 

(0,1 mm) mobile 

Larve rĂ©die (0,5mm) 

remplie de cercaire

 

Queue  

Ventouse 

ventrale 

Ventouse 

buccale 

Gymnophallus choledocus

HP1 : la coque
HP2 : un ver annelé (Annélide PolychÚte type Nereis)
H DĂ©f. : un oiseau marin
Prévalence faible.
Multiplication intensive (sous forme de larve rédie) dans la
coque qui en meurt.
Les cercaires, second type de larves mobiles, quitteront la coque
mourante pour rejoindre le ver HP2

Fig. 12  : Gymnophallus choledocus larves rĂ©die et cercaire

 

Labratrema minimus

HP1 : la coque
HP2 : un poisson, le gobie (

Gobius

)

H DĂ©f. : un poisson, le bar

Prévalence faible en général mais pouvant
atteindre 50% (Montaudouin, 2002) Ă 
Arcachon.
Multiplication intensive dans l’hĂ©molymphe
(sang), la gonade ou la glande digestive de la
coque qui en meurt. Noter sur la photo de
droite les concentrations trÚs élevées en para-
sites pour une coque mourante. Les cercaires
quitteront la coque et chercheront activement
le gobie (HP2) pour y pénétrer par les bran-
chies (Malek, 2001).

Fig. 13  : Labratrema minimus larves de 0,2 mm

avec 2 longs tentacules

background image

11

2 – TurbellariĂ©s (vers plats, pour la plupart libres (non parasites))

RĂ©serve Naturelle

SynthĂšse sur la biologie des coques

 

Himasthla ssp

HP1 : le GastĂ©ropode Hydrobie (

Hydrobia

ulvae

)

HP2 : la coque
H DĂ©f. : un oiseau marin (GoĂ©land ou HuĂźtrier
pie)

PrĂ©valence Ă©levĂ©e de 84 % Ă  Arcachon
(Montaudouin 

et al.,

2000)

et de 99% en Baie de Saint-Brieuc (données L.
Dabouineau sur un Ă©chantillon de 75 coques de
3 cm ± 4mm).
Dans le pied de la coque le parasite fabrique un
kyste (stade mĂ©tacercaire) lui permettant d’at-
tendre plusieurs années si nécessaire que la
coque se fasse manger par un huitrier-pie. Ces
kystes semblent peu nĂ©fastes aux coques ; le
parasite ayant tout intĂ©rĂȘt Ă  ce que la coque vive
le plus longtemps possible. Ce qui augmentera
la probabilitĂ© qu’elle se fasse manger par l’HD.

Fig. 14  : Kystes d'Himasthla  200 ”m. Noter sur la photo du bas une couronne d'Ă©pine

autour de la tĂȘte   

Paravortex cardii

EspĂšce parasite.
Ce petit ver plat de 2 mm, trĂšs mobile
grĂące Ă  des cils sur tout l’animal,  va vivre
dans l’intestin de diffĂ©rents bivalves dont
la coque. Il est trÚs fréquent mais rarement
en trĂšs grand nombre, et semble inoffen-
sif. 

Fig. 15  : Paravortex cardii (2 mm)

background image

12

B - Parasite Crustacé

On pourra trouver, une fois de plus, dans l’in-
testin des coques un petit crustacé de 2mm, de
forme allongĂ©e le 

Mytilicola intestinalis

.

Comme son nom l’indique, il affectionne par-
ticuliĂšrement l’intestin des moules («

cola Â»

: qui aime, «

mytili Â»

: moule, «

intestina-

lis Â»

: intestin ). On pourra trouver une

espĂšce voisine (

Mytilicola orientalis

) en gran-

de quantitĂ© dans les Ă©levages d’huĂźtres creu-
ses. 
Comme il vit dans un milieu riche en aliments
(phytoplancton, matiĂšres  organiques), il n’a
qu’à y puiser les aliments dont il a besoin. En
Ă©levage ce parasitisme pourra entraĂźner une
baisse de la croissance des animaux parasités.

On le trouvera rĂ©guliĂšrement dans l’intestin
des coques en faible quantité. Il ne semble pas
causer de dommages aux populations de
coques.

C - Protozoaire CiliĂ© 

Les protozoaires ciliĂ©s sont des animaux constituĂ©s d’une seule cellule donc
trĂšs petits et invisibles Ă  l’Ɠil nu. Au microscope, on observera facilement ce
qui caractĂ©rise l’embranchement des ciliĂ©s :
les cils.

Une espĂšce, la trichodine,  affectionne parti-
culiĂšrement la compagnie des coques. Elle va
vivre dans l’eau intervalvaire prùs des bran-
chies et pourra s’y fixer. On les trouve dans
toutes les coques de la Baie de Saint-Brieuc,
parfois en nombre trĂšs important. Cette espĂš-
ce est peu connue. Il semblerait qu’elle soit
néfaste aux jeunes coques fragilisées, en pui-
sant au niveau des branchies de l’hĂ©molym-
phe, favorisant des infections microbiennes
secondaires (Lauckner, 1983).

RĂ©serve Naturelle

SynthĂšse sur la biologie des coques

Fig. 16  : Mytilicola intestinalis
(3 mm)  CrustacĂ© CopĂ©pode
Mytilicolidé

Fig. 17  : Trichodina sp (50 ”m)

On peut observer de longs cils autour de l'animal

background image

13

D’autres macroparasites ont Ă©tĂ© trouvĂ©s dans les coques de la Baie de Saint-
Brieuc. Citons par exemple deux autres trĂ©matodes : 

Monorchis parvus

et

Meiogymnoplallus minutus

. Cette derniÚre espÚce est localisée au niveau de la

charniĂšre dans une vĂ©sicule de tissu de l’hĂŽte. On la trouve en grande quanti-
té avec une trÚs forte prévalence. Le premier hÎte provisoire est la
Scrobiculaire (

Scrobicularia plana

), trĂšs prĂ©sente en Baie. Quant Ă  l’hĂŽte dĂ©fini-

tif, il s’agit de l’huĂźtrier pie et de certains anatidĂ©s.

Les effets des parasites dĂ©pendent en gĂ©nĂ©ral de leur nombre prĂ©sent dans l’hĂŽ-
te.
Dans la littĂ©rature scientifique, plusieurs cas d’effets nĂ©fastes sont signalĂ©s. On
trouve d’abord des cas de mortalitĂ©s Ă©levĂ©es (Jonsson & Andre, 1992), mais
aussi parfois une destruction des gonades qui entraüne une castration d’une
partie des individus, ce qui diminue le stock de reproducteurs (Boyden, 1972). 
Lorsque la coque est le premier hĂŽte provisoire, on constate un pullulement des
parasites qui entraĂźne la mort de l’hĂŽte, mais avec une prĂ©valence relativement
faible. HP1 sert uniquement Ă  multiplier de maniĂšre intensive le parasite afin
de fournir un trĂšs grand nombre de formes infestantes qui se mettront « en
attente Â» dans le deuxiĂšme hĂŽte provisoire.
Lorsque la coque est le second hĂŽte provisoire, elle ne sert qu’à vĂ©hiculer et
transmettre les parasites vers l’hĂŽte dĂ©finitif. Dans cette situation la virulence
du parasite doit ĂȘtre faible, car elle ne doit pas entraĂźner sa mort, sinon le para-
site meurt avec. On observe alors une pathogénicité faible, mais une prévalen-
ce Ă©levĂ©e ; ce qui augmentera d’autant les chances que l’hĂŽte dĂ©finitif s’in-
fecte en consommant HP2. 
Nous avons observé en Baie de Saint-Brieuc que les coques présentes à la sur-
face du sĂ©diment (« coques remontantes Â») Ă©taient plus parasitĂ©es par des
kystes d’

Himasthla 

(Figure 18). Ce qui indiquerait d’abord un effet nĂ©faste du

parasite sur l’animal affaibli. D’autre part, certains auteurs voient là une stra-
tĂ©gie du parasite. En effet, ce n’est pas par hasard que le parasite s’installe dans
le pied de la coque. On peut supposer que cela entraĂźne une diminution de ses
capacitĂ©s Ă  s’enfouir correctement. Elle devient donc plus accessible aux
oiseaux (HÎte définitif). Ce phénomÚne est appelé mécanisme de favorisation
(Combes, 1995)

RĂ©serve Naturelle

SynthĂšse sur la biologie des coques

Fig. 18  : Nombre moyen de kys-
tes dans le pied ± erreur stan-
dard  (coque de surface  n= 35,
profondeur n=40 coques d'envi-
ron 3 cm, données U.C.O., juin
2003) 

0

5

10

15

20

Profondeur

Surface

                                 Nombre moyen de kystes dans le pied

background image

14

Le parasitisme n’est pas le seul facteur qui permet d’expliquer la remontĂ©e des
coques en surface. Le manque d’oxygĂšne est le facteur le plus incriminĂ©.
On notera enfin une moindre résistance au stress thermique (canicule par
exemple) lorsque les coques sont parasitĂ©es par 

Himasthla spp 

(Lauckner,

1983). En effet, elles meurent plus rapidement que des coques non parasitées.
Les parasites représentent donc une cause trÚs sérieuse de mortalité directe
(surtout la premiÚre année) pour la coque et donc de régulation des popula-
tions. Lauckner (1983 page 713) souligne l’absence d’études sur ce sujet. 
Il semble aussi d’aprĂšs Lauckner (1983) que cela les rend moins rĂ©sistantes
aux perturbations de l’environnement (climatique, pollutions
). L’impact des
pollutions serait donc amplifiĂ© par un parasitisme important. 

Une seconde question se pose cependant pour nous : l’infestation parasitaire
et sa mortalitĂ© induite peut-elle ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme consĂ©quence d’un
affaiblissement des animaux dĂ» aux disfonctionnements de l’écosystĂšme (pol-
lutions ou bouleversement des équilibres) ? Des coques fragilisées, au systÚme
immunitaire déficient, seront plus facilement attaquables par les parasites. Des
Ă©tudes approfondies sont nĂ©cessaires afin d’y voir plus clair.

Enfin, aucune Ă©tude n’a pu montrer que ces parasites pouvaient se transmettre
Ă  l’homme et induire des maladies. MĂȘme en absence de cuisson, ils sont
dĂ©truits par l’aciditĂ© de l’estomac et les enzymes digestifs.

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Crédit photo

:  

UniversitĂ© U.C.O. Bretagne Nord – Laurent DABOUINEAU

RĂ©fĂ©rence de cette Ă©tude : 

Dabouineau, L. & Ponsero, A., 2004. 

SynthĂšse sur la biologie des coques

Cerastoderma edule

RĂ©serve Naturelle Baie de St-Brieuc, 16 pages

e-mail des auteurs: 

laurent.dabouineau@uco.fr
alain.ponsero@wanadoo.fr

RĂ©serve Naturelle

SynthĂšse sur la biologie des coques