Laurent Dabouineau
& Alain Ponsero
SynthĂšse sur
la biologie des
coques
Cerastoderma edule
Baie de Saint-Brieuc
Baie de Saint-Brieuc
HÎte définitif (
HD
) un
oiseau marin par exemple
HĂŽte provisoire 1 (
HP1
)
un gastéropode Hydrobie
(3 mm) par exemple
HĂŽte provisoire 2 (
HP2
)
la coque
RĂ©serve Naturelle
B A IE D E S A IN T- B R IE U C
SynthĂšse sur la biologie des coques
Cerastoderma edule
.
Laurent Dabouineau* Alain Ponsero **
* Laboratoire de Biologie et Ecologie, Université U.C.O. Bretagne Nord BP 90431 22200 Guingamp
** RĂ©serve Naturelle de la Baie de Saint-Brieuc - Site de lâĂ©toile 22120 Hillion
1 - Classification :
Embranchement : Mollusque
Genre :
Cerastoderma
Classe : Bivalve
EspĂšce :
edule
Ordre :
Veneroida
Description : Linné (1758)
Famille :
Cardiidae
Synonyme (avant 1950)
Cardium edule
2 - Anatomie de la coquille :
Les deux valves de la coquille sont identiques, mais inéquilatérales.
Forme arrondie, globuleuse. Taille : jusquâĂ 40 mm
Coquille avec 22 Ă 28 cĂŽtes radiantes bien visibles.
Ligament externe. Substance « caoutchouteuse » qui tend en permanence à ouvrir la
coquille (Figure 1).
Deux empreintes de muscles adducteurs (ces muscles servent Ă refermer la coquille).
Empreinte de la ligne palléale sans sinus.
2
RĂ©serve Naturelle
SynthĂšse sur la biologie des coques
Empreinte de la
ligne palléale
Empreinte du muscle
adducteur postérieur
Empreinte du muscle
adducteur antérieur
Ligament
CĂŽtes radiantes
3
3 - Distribution :
On la trouve plus particuliĂšrement dans les estuaires et les baies sableuses. Sa
distribution va de la NorvĂšge au Portugal. On peut la retrouver jusquâau
Sénégal.
Elle vit sur une large proportion de la zone de balancement des marées (zone
intertidale).
Sur une mĂȘme zone gĂ©ographique, Ă lâĂ©chelle dâune baie comme celle de
Saint-Brieuc, la répartition des coques est agrégative (Figure 2). On en trou-
vera donc beaucoup sur certaines zones de quelques mÚtres carrés ou dizaines
de mĂštres carrĂ©s, et sur dâautres, trĂšs peu. Les densitĂ©s en 2003 peuvent aller
de 0 Ă 1900 individus/mÂČ (Ponsero et al. 2003).
4 â Mode de vie :
Forme de vie :
fouisseur.
Ce bivalve maintient sa position dans le sédiment grùce à un pied (Figure 3)
qui sâinsinue dans le sable et tire la coquille. La coque est ainsi protĂ©gĂ©e des
vagues mais aussi des nombreux prédateurs aquatiques (crabes) et terrestres
(oiseaux marins, hommesâŠ).
Mode dâalimentation : «
Suspensivore
actif».
La coque filtre lâeau de maniĂšre active grĂące Ă lâouverture de deux siphons Ă
la surface du sĂ©diment (Figure 3). Elle filtre lâeau Ă travers ses branchies et ses
palpes puis retient le phytoplancton, zooplancton et les particules de matiĂšres
organiques. Tous ces éléments sont agglomérés dans un mucus et dirigés vers
la bouche grĂące Ă de trĂšs nombreux cils formant une sorte de tapis roulant.
RĂ©serve Naturelle
SynthĂšse sur la biologie des coques
Fig. 2 : RĂ©partition des coques sur
l'estran de la Baie de Saint-Brieuc
(carte : RĂ©serve Naturelle ;
Ponsero et a l. 2003)
Siphon
Pied
Fig. 3 : Coque en situation dans le
sédiment
4
La digestion a lieu dans un intestin Ă lâaide dâenzymes et de bactĂ©ries. On trou-
vera facilement dans la coque le style cristallin, sorte de baguette de verre (fig-
ure 4), totalement translucide qui est une rĂ©serve dâenzymes digestifs que la
coque utilisera progressivement.
Remarque :
En marchant sur lâestran on pourra trouver des coques vivantes Ă la surface du
sédiment. Elles représentent en général une proportion assez faible de la popu-
lation. Ces coques sont remontĂ©es Ă la surface dâelles-mĂȘmes ou ont Ă©tĂ© victi-
mes dâun dĂ©chaussement, câest-Ă -dire dâun dĂ©placement du sĂ©diment dĂ», par
exemple, au changement de parcours dâune filiĂšre. Ces coques sont souvent
trĂšs affaiblies et ont perdu leur capacitĂ© Ă sâenfouir. Nous avons comparĂ© cette
capacité expérimentalement. Ces coques ont été déposées sur 5 cm de sédi-
ment recouvert de 5 cm dâeau, et espacĂ©es de quelques centimĂštres. Nous
avons simplement quantifié les coques enfouies au bout de 2 heures. Les résul-
tats sont présentés figure 5.
RĂ©serve Naturelle
SynthĂšse sur la biologie des coques
fig 4 - style cristallin enzymatique (extrait du tube digestif pour la photo)
0
10
20
30
40
50
60
70
80
%
Profondeur
Surface
Fig. 5 : CapacitĂ© dâenfouissement des coques de profondeur (n=127)
et des coques remontantes (surface n=139), en % de coques enfouies aprĂšs 2 heures.
(Données U.C.O. Juin 2003)
5
Afin de confirmer que ces coques sont trĂšs affaiblies au point de ne plus pou-
voir sâenfouir, nous avons mesurĂ© un indice de condition donnant une vision
générale de leur état de santé. Nous avons calculé le rapport entre le poids sec
de la chair de lâanimal et le poids de sa coquille, ce qui permet dâĂ©valuer si les
animaux sont amaigris (figure 6).
La différence entre les deux groupes est significative (test Anova p<0,01) et
représente 25 % de poids sec en moins pour les coques de surface. Elles sont
donc trĂšs amaigries et certainement mourantes.
5 - Reproduction
Les coques vivent en moyenne 2 Ă 4 ans mais peuvent exceptionnellement
atteindre 10 ans. Leur maturité sexuelle est atteinte dÚs leur deuxiÚme année
(taille dâenviron 20 mm ; 15 Ă 18 mois). Certains auteurs ont pu observer une
reproduction dÚs leur premiÚre année si leur croissance est trÚs rapide (Seed &
Brown, 1977). La maturité sexuelle semble dépendre plus de la taille que de
lâĂąge des individus (Kristensen 1957 ; Hancock et Franklin, 1972). Elle peut
ĂȘtre atteinte en quelques mois en baie de Somme (Lemoine et al, 1988) jusquâĂ
2 ans en Irlande du nord (Seed et Brow, 1977).
Les coques sont gonochoriques (sexes séparés), il y a donc des individus mùles
et des individus femelles. MĂąles et femelles Ă©mettent leur semence dans lâeau
entre mars et juillet. Le phénomÚne de ponte serait induit par un accroissement
de la tempĂ©rature plutĂŽt quâa une valeur absolue de celle-ci.
La littĂ©rature est unanime Ă reconnaĂźtre quâun hiver rigoureux stimule la repro-
duction en synchronisant les Ă©missions de gamĂštes des deux sexes et en pro-
voquant une meilleure fertilité.
La production dâovules est fonction de la taille de lâindividu et varie selon
Kristensen (1957) de 5600 Ă 52 000 par femelle de 18 Ă 38mm.
Les spermatozoĂŻdes fĂ©conderont les ovules pour former des oeufs de 50 Ă
60 ”m.
RĂ©serve Naturelle
SynthĂšse sur la biologie des coques
0,05
0,055
0,06
0,065
0,07
0,075
0,08
0,085
0,09
Profondeur
Surface
Indi
ce
Fig. 6 : Indice de condition (IC = poids sec chair / poids sec coquille) ± Erreur-type
des coques de profondeur (n=60) et de surface (n=61).
(Données U.C.O. Juin 2003)
6
Ils se développeront pour former une larve planctonique
nommée « trochophore » (figure 7) puis « véligÚre ».
En 3 jours la larve planctonique va développer une
minuscule coquille et va atteindre 270 ?m en 3 Ă 5 semai-
nes (Creek, 1960). En Ă peine 3 mois elle fera environ 1
mm.
6 - Recrutement :
On appelle recrutement, lâinstallation des larves planctoniques dans le sĂ©di-
ment. Les jeunes larves dâun millimĂštre et possĂ©dant une petite coquille vont
se poser sur le sable et avec leur pied chercher Ă sâenfouir. Cela se produira
entre mai et juin pour la plupart des coques de la Baie de Saint-Brieuc et dans
une moindre mesure, jusquâen septembre.
Le sĂ©diment doit prĂ©senter des caractĂ©ristiques granulomĂ©triques favorables Ă
la fixation de lâeau : entre 50 et 200
”
m en baie de Sommes (Lemoigne et
al
.,
1988), entre 100 et 125
”
m en baie de Saint-Brieuc, car la survie des jeunes
dĂ©pend dâune bonne rĂ©tention en eau (taux dâhumiditĂ© entre 30 et 35% pour les
sites de recrutement en baie de Saint-Brieuc). Dâautre part, la tempĂ©rature
semble ĂȘtre un facteur primordial quant aux possibilitĂ©s de survie des larves
planctoniques (Baggerman, 1954) surtout au moment de leur implantation
dans le substrat.
Si toutes ces conditions ne sont pas réunies, la jeune coque peut chercher un
meilleur site. Pour cela elle va produire du byssus, sorte de filaments pro-
tĂ©iques, qui vont permettre dâaugmenter sa surface portante et donc dâĂȘtre
remise activement en suspension et transportĂ©e par les courants vers dâautres
lieux. Ce type de déplacement est nommé « migration bysso-pélagique »
(Montaudouin, 1997).
7 - Croissance :
Cerastoderma edule
a une croissance trÚs rapide les deux premiÚres années,
ensuite elle décline. La courbe, figure 8, montre clairement ce phénomÚne.
Une coque va donc atteindre sa taille minimale de capture (3 cm en Baie de
Saint-Brieuc) en 2 ans œ environ.
Un certain nombre de facteurs va affecter la croissance des coques comme par
exemple la saison, la localisation géographie (Hancock, 1967; Ducrotoy
et al
.,
1991), la tempĂ©rature de lâeau (Smaal
et al.,
1997), la disponibilité en nourri-
ture ou la densité des coques (Jensen, 1993; Montaudouin & Bachelet, 1996).
RĂ©serve Naturelle
SynthĂšse sur la biologie des coques
Estomac cilié
Bouche
Anus
Troque :
couronne
de cils
Fig. 7 schéma de la larve trochophore
(Biodidac, Université Ottawa)
7
Fig. 8 : Croissance des coques en Baie de Saint-Brieuc
(Donnée 2003 : valeurs modales des cohortes
A. Ponsero (réserve de la Baie) et L. Dabouineau (Université UCO))
En Baie dâArcachon Montaudouin & Bachelet (1996) ont montrĂ© que la crois-
sance des coques Ă©tait en lien avec la position de la coque sur lâestran. En bas
de lâestran elles grossissent plus vite car elles subissent moins le phĂ©nomĂšne
de la marĂ©e et passent donc plus de temps Ă filtrer et sâalimenter. La croissan-
ce est donc aussi dĂ©pendante du temps dâimmersion.
La croissance est saisonniÚre, elle débute en mai au pays de Galle, elle est
maximale de juin à août et négligeable ensuite (Seed & Brown, 1977; Hancock
& Franklin, 1972). Les coques vont en gĂ©nĂ©ral perdre du poids lâhiver et subir
une mortalitĂ© importante en lien avec la rigueur de lâhiver.
Cette croissance trĂšs saisonniĂšre va entraĂźner au
niveau de la coquille des stries dâaccroissement
(Figure 9) qui peuvent permettre de dĂ©terminer lâĂąge
des individus, et mĂȘme dâĂ©tudier la croissance diffĂ©-
rentielle des populations (Richardson
et al.
, 1980;
Jones & Baxter, 1987a). La lecture des stries reste
cependant difficile car des variations de croissance
au cours dâune mĂȘme annĂ©e entraĂźne une formation
de stries supplémentaires.
8 â Dynamique des populations
Les effectifs de coques peuvent varier dâannĂ©e en annĂ©e sur certains sites ou
rester stables sur dâautres sur de plus longues pĂ©riodes. DiffĂ©rents facteurs sont
invoqués pour agir sur la croissance et la densité dans les populations naturel-
les. Le schéma suivant (Figure 10) extrait de la thÚse de Montaudouin (1995)
les présente de maniÚre synthétique.
RĂ©serve Naturelle
SynthĂšse sur la biologie des coques
Mai
Juillet
Septembre
Juillet
Septembre
Septembre
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
3,5
0
5
10
15
20
25
30
35
mois
ta
ille
e
n
c
m
1
er
Hiver
3
Ăšme
Hiver
2
Ăšme
Hiver
Fig. 9 : Stries dâaccroissement
(coque de 4,2 cm)
8
Fig. 10 : Facteurs régulant la dynamique des populations de coques.
Extrait de Montaudouin (1995)
En Baie de Saint-Brieuc la dynamique est complexe (cf Ponsero
et al.
2003).
Sans Ă©tudes poussĂ©es, il est difficile dâinvoquer les facteurs responsables des
faibles recrutements dans lâEst de la Baie, les mortalitĂ©s Ă©levĂ©es et la faible
quantité de coques de taille supérieure à 3 cm. Cependant certains facteurs
semblent à priori plus pertinents. Les macrophytes et notamment la proliféra-
tion des algues vertes (
Ulva
) pourraient ĂȘtre responsables des faibles recrute-
ments, voir de lâasphyxie des animaux. Lâimpact de la pĂȘche Ă pied de loisir ou
des professionnels reste difficile à évaluer mais semble non négligeable. Les
pollutions diffuses pourraient ĂȘtre invoquĂ©es notamment par lâapport des 4
bassins versants de fond de Baie. Les courants Ă©tant trĂšs faibles, les toxiques
vont stagner et sâaccumuler. Cependant, les activitĂ©s Urbaine et industrielle
associĂ©es aux pratiques agricoles intensives ne pourront ĂȘtre invoquĂ©es quâa-
prĂšs Ă©tude sur du long terme. Un dernier facteur, lâimpact du parasitisme, est
rarement évoqué dans les études de dynamique des populations de bivalves. Le
chapitre suivant souligne lâimportance du phĂ©nomĂšne sans pour autant en Ă©va-
luer lâimpact.
Enfin, pour conclure ce chapitre, il est certain quâil faille envisager une inter-
action de plusieurs facteurs. La conjugaison de plusieurs facteur peut, en effet,
amplifier considérablement les phénomÚnes. Par exemple, une pollution diffu-
se peut fragiliser les individus qui vont ĂȘtre moins rĂ©sistants et donc plus sen-
sibles Ă lâattaque des parasites ou des prĂ©dateurs. Lâimpact de ces facteurs en
interaction étant supérieur à celui de la simple somme des deux.
SynthĂšse sur la biologie des coques
Densité
Biomasse
individuelle
Recrutement
Croissance
AccessibilitĂ© Ă lâhabitat
DĂ©pend de :
Hydrodynamisme
Nature du substrat
Compétition
Bioturbat ion
Accessibilité à la
ressource alimentaire
DĂ©pend de :
DurĂ©e dâĂ©mersion
Compétition
Macrophytes (algues)
Mortalité - Emigration
Prédation
PĂȘche
Age
Macrophytes
(Algues)
Hydrodynamisme
Parasitisme
Pollution
9
9 - Parasitisme des coques
Les coques constituent, comme tous les animaux, un milieu de vie pour dâau-
tres organismes qui vont vivre totalement au dépend des premiers. Ce phéno-
mĂšne est appelĂ© parasitisme. Lâanimal parasite va vivre dans son hĂŽte (ici la
coque) et va ĂȘtre plus ou moins nĂ©faste pour lui.
Un certain nombre de parasites sont connus chez la coque. On pourra trouver
des protozoaires ciliĂ©s vivant dans lâeau intervalvaire, des crustacĂ©s dans lâin-
testin et surtout plusieurs espĂšces de petits vers plats de lâembranchement des
Plathelminthes (classe des trématodes digéniens) dans différents organes. Ces
vers plats ont des cycles biologiques trĂšs complexes.
A - Les parasites Trématodes digéniens
Lâadulte du parasite vit chez un vertĂ©brĂ© (oiseau ou poisson que lâon nomme-
ra hĂŽte dĂ©finitif : HD) et va Ă©mettre des Ćufs qui vont se retrouver dans lâeau
via les excrĂ©ments du vertĂ©brĂ©. De cet Ćuf va naĂźtre une petite larve qui va
immédiatement rechercher un deuxiÚme hÎte (HÎte Provisoire 1 : HP1) pour
se multiplier. Il sâagit le plus souvent dâun mollusque. La coque pourra ĂȘtre
lâun de ces mollusques. Des larves seront produites en trĂšs grand nombre par
multiplication asexuĂ©e puis seront libĂ©rĂ©es dans lâeau.
Un troisiÚme hÎte (HÎte Provisoire 2 : HP2) sera utilisé pour que cette nou-
velle larve puisse rejoindre facilement lâhĂŽte dĂ©finitif. En fait HP2 fait le plus
souvent parti du rĂ©gime alimentaire de lâhĂŽte dĂ©finitif. De cette maniĂšre lâhĂŽ-
te dĂ©finitif, en consommant HP2 ingurgite le parasite en mĂȘme temps, et se
contamine. La forme larvaire du parasite dans ce cas est différente, car son rÎle
nâest plus de se multiplier, mais dâattendre.
Le parasite va donc passer successivement dans 3 organismes hÎtes différents
(Figure 11)
RĂ©serve Naturelle
SynthĂšse sur la biologie des coques
HÎte définitif (
HD
) un
oiseau marin par exemple
HĂŽte provisoire 1 (
HP1
)
un gastéropode Hydrobie
(3 mm) par exemple
HĂŽte provisoire 2 (
HP2
)
la coque
Fig. 11 : Exemple de 3 hĂŽtes successifs qui permettra de boucler le
Cycle biologique d'un parasite trématode digénien
10
Quatre exemples de parasites Plathelminthes (vers plats) trouvés dans des
coques en Baie de Saint-Brieuc :
1 - Trématodes Digéniens (cycle passant par 3 hÎtes successifs)
RĂ©serve Naturelle
SynthĂšse sur la biologie des coques
Larve cercaire
(0,1 mm) mobile
Larve rédie (0,5mm)
remplie de cercaire
Queue
Ventouse
ventrale
Ventouse
buccale
Gymnophallus choledocus
HP1 : la coque
HP2 : un ver annelé (Annélide PolychÚte type Nereis)
H DĂ©f. : un oiseau marin
Prévalence faible.
Multiplication intensive (sous forme de larve rédie) dans la
coque qui en meurt.
Les cercaires, second type de larves mobiles, quitteront la coque
mourante pour rejoindre le ver HP2
Fig. 12 : Gymnophallus choledocus larves rédie et cercaire
Labratrema minimus
HP1 : la coque
HP2 : un poisson, le gobie (
Gobius
)
H DĂ©f. : un poisson, le bar
Prévalence faible en général mais pouvant
atteindre 50% (Montaudouin, 2002) Ă
Arcachon.
Multiplication intensive dans lâhĂ©molymphe
(sang), la gonade ou la glande digestive de la
coque qui en meurt. Noter sur la photo de
droite les concentrations trÚs élevées en para-
sites pour une coque mourante. Les cercaires
quitteront la coque et chercheront activement
le gobie (HP2) pour y pénétrer par les bran-
chies (Malek, 2001).
Fig. 13 : Labratrema minimus larves de 0,2 mm
avec 2 longs tentacules
11
2 â TurbellariĂ©s (vers plats, pour la plupart libres (non parasites))
RĂ©serve Naturelle
SynthĂšse sur la biologie des coques
Himasthla ssp
HP1 : le Gastéropode Hydrobie (
Hydrobia
ulvae
)
HP2 : la coque
H Déf. : un oiseau marin (Goéland ou Hußtrier
pie)
Prévalence élevée de 84 % à Arcachon
(Montaudouin
et al.,
2000)
et de 99% en Baie de Saint-Brieuc (données L.
Dabouineau sur un Ă©chantillon de 75 coques de
3 cm ± 4mm).
Dans le pied de la coque le parasite fabrique un
kyste (stade mĂ©tacercaire) lui permettant dâat-
tendre plusieurs années si nécessaire que la
coque se fasse manger par un huitrier-pie. Ces
kystes semblent peu néfastes aux coques ; le
parasite ayant tout intĂ©rĂȘt Ă ce que la coque vive
le plus longtemps possible. Ce qui augmentera
la probabilitĂ© quâelle se fasse manger par lâHD.
Fig. 14 : Kystes d'Himasthla 200 ”m. Noter sur la photo du bas une couronne d'épine
autour de la tĂȘte
Paravortex cardii
EspĂšce parasite.
Ce petit ver plat de 2 mm, trĂšs mobile
grĂące Ă des cils sur tout lâanimal, va vivre
dans lâintestin de diffĂ©rents bivalves dont
la coque. Il est trÚs fréquent mais rarement
en trĂšs grand nombre, et semble inoffen-
sif.
Fig. 15 : Paravortex cardii (2 mm)
12
B - Parasite Crustacé
On pourra trouver, une fois de plus, dans lâin-
testin des coques un petit crustacé de 2mm, de
forme allongée le
Mytilicola intestinalis
.
Comme son nom lâindique, il affectionne par-
ticuliĂšrement lâintestin des moules («
cola »
: qui aime, «
mytili »
: moule, «
intestina-
lis »
: intestin ). On pourra trouver une
espĂšce voisine (
Mytilicola orientalis
) en gran-
de quantitĂ© dans les Ă©levages dâhuĂźtres creu-
ses.
Comme il vit dans un milieu riche en aliments
(phytoplancton, matiĂšres organiques), il nâa
quâĂ y puiser les aliments dont il a besoin. En
Ă©levage ce parasitisme pourra entraĂźner une
baisse de la croissance des animaux parasités.
On le trouvera rĂ©guliĂšrement dans lâintestin
des coques en faible quantité. Il ne semble pas
causer de dommages aux populations de
coques.
C - Protozoaire Cilié
Les protozoaires ciliĂ©s sont des animaux constituĂ©s dâune seule cellule donc
trĂšs petits et invisibles Ă lâĆil nu. Au microscope, on observera facilement ce
qui caractĂ©rise lâembranchement des ciliĂ©s :
les cils.
Une espĂšce, la trichodine, affectionne parti-
culiĂšrement la compagnie des coques. Elle va
vivre dans lâeau intervalvaire prĂšs des bran-
chies et pourra sây fixer. On les trouve dans
toutes les coques de la Baie de Saint-Brieuc,
parfois en nombre trĂšs important. Cette espĂš-
ce est peu connue. Il semblerait quâelle soit
néfaste aux jeunes coques fragilisées, en pui-
sant au niveau des branchies de lâhĂ©molym-
phe, favorisant des infections microbiennes
secondaires (Lauckner, 1983).
RĂ©serve Naturelle
SynthĂšse sur la biologie des coques
Fig. 16 : Mytilicola intestinalis
(3 mm) Crustacé Copépode
Mytilicolidé
Fig. 17 : Trichodina sp (50 ”m)
On peut observer de longs cils autour de l'animal
13
Dâautres macroparasites ont Ă©tĂ© trouvĂ©s dans les coques de la Baie de Saint-
Brieuc. Citons par exemple deux autres trématodes :
Monorchis parvus
et
Meiogymnoplallus minutus
. Cette derniÚre espÚce est localisée au niveau de la
charniĂšre dans une vĂ©sicule de tissu de lâhĂŽte. On la trouve en grande quanti-
té avec une trÚs forte prévalence. Le premier hÎte provisoire est la
Scrobiculaire (
Scrobicularia plana
), trĂšs prĂ©sente en Baie. Quant Ă lâhĂŽte dĂ©fini-
tif, il sâagit de lâhuĂźtrier pie et de certains anatidĂ©s.
Les effets des parasites dĂ©pendent en gĂ©nĂ©ral de leur nombre prĂ©sent dans lâhĂŽ-
te.
Dans la littĂ©rature scientifique, plusieurs cas dâeffets nĂ©fastes sont signalĂ©s. On
trouve dâabord des cas de mortalitĂ©s Ă©levĂ©es (Jonsson & Andre, 1992), mais
aussi parfois une destruction des gonades qui entraĂźne une castration dâune
partie des individus, ce qui diminue le stock de reproducteurs (Boyden, 1972).
Lorsque la coque est le premier hĂŽte provisoire, on constate un pullulement des
parasites qui entraĂźne la mort de lâhĂŽte, mais avec une prĂ©valence relativement
faible. HP1 sert uniquement Ă multiplier de maniĂšre intensive le parasite afin
de fournir un trÚs grand nombre de formes infestantes qui se mettront « en
attente » dans le deuxiÚme hÎte provisoire.
Lorsque la coque est le second hĂŽte provisoire, elle ne sert quâĂ vĂ©hiculer et
transmettre les parasites vers lâhĂŽte dĂ©finitif. Dans cette situation la virulence
du parasite doit ĂȘtre faible, car elle ne doit pas entraĂźner sa mort, sinon le para-
site meurt avec. On observe alors une pathogénicité faible, mais une prévalen-
ce Ă©levĂ©e ; ce qui augmentera dâautant les chances que lâhĂŽte dĂ©finitif sâin-
fecte en consommant HP2.
Nous avons observé en Baie de Saint-Brieuc que les coques présentes à la sur-
face du sédiment (« coques remontantes ») étaient plus parasitées par des
kystes dâ
Himasthla
(Figure 18). Ce qui indiquerait dâabord un effet nĂ©faste du
parasite sur lâanimal affaibli. Dâautre part, certains auteurs voient lĂ une stra-
tĂ©gie du parasite. En effet, ce nâest pas par hasard que le parasite sâinstalle dans
le pied de la coque. On peut supposer que cela entraĂźne une diminution de ses
capacitĂ©s Ă sâenfouir correctement. Elle devient donc plus accessible aux
oiseaux (HÎte définitif). Ce phénomÚne est appelé mécanisme de favorisation
(Combes, 1995)
RĂ©serve Naturelle
SynthĂšse sur la biologie des coques
Fig. 18 : Nombre moyen de kys-
tes dans le pied ± erreur stan-
dard (coque de surface n= 35,
profondeur n=40 coques d'envi-
ron 3 cm, données U.C.O., juin
2003)
0
5
10
15
20
Profondeur
Surface
Nombre moyen de kystes dans le pied
14
Le parasitisme nâest pas le seul facteur qui permet dâexpliquer la remontĂ©e des
coques en surface. Le manque dâoxygĂšne est le facteur le plus incriminĂ©.
On notera enfin une moindre résistance au stress thermique (canicule par
exemple) lorsque les coques sont parasitées par
Himasthla spp
(Lauckner,
1983). En effet, elles meurent plus rapidement que des coques non parasitées.
Les parasites représentent donc une cause trÚs sérieuse de mortalité directe
(surtout la premiÚre année) pour la coque et donc de régulation des popula-
tions. Lauckner (1983 page 713) souligne lâabsence dâĂ©tudes sur ce sujet.
Il semble aussi dâaprĂšs Lauckner (1983) que cela les rend moins rĂ©sistantes
aux perturbations de lâenvironnement (climatique, pollutionsâŠ). Lâimpact des
pollutions serait donc amplifié par un parasitisme important.
Une seconde question se pose cependant pour nous : lâinfestation parasitaire
et sa mortalitĂ© induite peut-elle ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme consĂ©quence dâun
affaiblissement des animaux dĂ» aux disfonctionnements de lâĂ©cosystĂšme (pol-
lutions ou bouleversement des équilibres) ? Des coques fragilisées, au systÚme
immunitaire déficient, seront plus facilement attaquables par les parasites. Des
Ă©tudes approfondies sont nĂ©cessaires afin dây voir plus clair.
Enfin, aucune Ă©tude nâa pu montrer que ces parasites pouvaient se transmettre
Ă lâhomme et induire des maladies. MĂȘme en absence de cuisson, ils sont
dĂ©truits par lâaciditĂ© de lâestomac et les enzymes digestifs.
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Crédit photo
:
UniversitĂ© U.C.O. Bretagne Nord â Laurent DABOUINEAU
Référence de cette étude :
Dabouineau, L. & Ponsero, A., 2004.
SynthĂšse sur la biologie des coques
Cerastoderma edule
.
RĂ©serve Naturelle Baie de St-Brieuc, 16 pages
e-mail des auteurs:
laurent.dabouineau@uco.fr
alain.ponsero@wanadoo.fr
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