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MANO SOLO


 

"La liberté ou la mort, j'aurai les deux !" chante Mano Solo. Rage de vivre, rage de lutter contre la maladie qui le dévore, Mano Solo crie sa douleur dans ses textes et sur scène. Mais si son répertoire est largement empreint de sa propre révolte, Mano Solo se fait aussi l'écho de la misère ambiante et des colères de ses contemporains. 


 
 

Mano Solo est né

 
 
 le 27 avril 1963 à Châlons-sur-Marne. Son père, Jean Cabut dit Cabu, est un dessinateur satyrique et politique connu qui travaille, entre autres, dans la presse libertaire. Sa mère, Isabelle, est connue pour son militantisme, en particulier dans le domaine de l'écologie. Elle est la créatrice du premier magazine consacré au sujet, La Gueule ouverte.

En 1968, c'est en pleins troubles socio-politiques que la famille s'installe à Ozoir-la-Ferrière, pas très loin de Paris. Mano est élevé dans un milieu très politisé et très intellectuel et de nombreux artistes connus ou non se croisent chez ses parents.

 
 
 La vie qui brûle

Pour Mano, l'adolescence rime avec délinquance et drogue. Cependant, il développe des talents artistiques certains. A 17 ans, il intègre les Chihuahuas, groupe punk-rock, en tant que guitariste, mais ce n'est pas ce qu'il sait le mieux faire. Au cours des années 80, il peint beaucoup et signe ses toiles du pseudo de Boredom ("ennui" en anglais, hommage aux Sex Pistols). Son travail est exposé, une fois même outre-Atlantique à New York. Côté dessin, on lit son nom dans quelques magazines dont les Nouvelles Littéraires. Il monte aussi un fanzine du nom de la Marmaille Nue entre 86 et 88.

Mais la musique le gagne. Très influencé et encouragé par son ami le chanteur Eric Lareine, il se lance dans la chanson. Auteur de nombreux textes, il devient son meilleur interprète au sein du groupe rock la Marmaille Nue (tiens !). C'est sur la scène du théâtre du Tourtour qu'il commence à faire parler de lui. Sa rage et son franc-parler sont déjà les signes de reconnaissance de cet artiste dont les chansons véhiculent le mal de vivre.

 
 
 La vie qui lutte

Lorsque Mano Solo sort son premier album le 3 décembre 1993, ."la Marmaille nue", c'est un choc, une explosion de mots douloureux et violents. Il a 30 ans et lance à la face du public une série de chansons lourdement chargées d'émotion et de colère. Mais si Mano a maintes raisons de pousser des coups de gueules, c'est dans la maladie qu'il puise sa hargne et son désespoir. Mano Solo est séropositif et choisit de le dire, voire de le crier, parfois avec brutalité.

Le public le suit et le soutient. L'album s'écoule à plus de 100.000 exemplaires. C'est sur scène que s'exprime la poésie à vif de Mano Solo. L'année 94 se déroule au fil de 80 dates de concert. En février, il s'installe 10 jours à l'Européen à Paris et retrouve la capitale le 14 novembre avec une soirée sur la scène prestigieuse de l'Olympia. Sur certaines chaînes de télévision, ses clips passent et repassent. Mano Solo est l'artiste dont on parle, mais pas toujours pour de bonnes raisons. Sa maladie fait de lui un personnage emblématique dont les raisons du succès dépassent la chanson. Et très vite, malheureusement, les médias ont tendance à réduire Mano Solo à son sida.

 
 
 La vie sombre

En plein été 95, sort un deuxième album, "les Années sombres". Le spectre de la mort est toujours en première ligne et la combativité enragée de Mano Solo est intacte. Soutenu par le FAIR (Fonds d'Aide à l'Initiative Rock), Mano est désormais un artiste connu et reconnu. Sur ce deuxième album, certains textes sont co-écrits avec Napo, membre éminent des Chihuahuas. Les musiques vont du tango aux rythmes africains en passant par des rengaines qui fleurent bon les faubourgs parisiens.

Le disque marche très bien et se vend à 150.000 exemplaires. Plus que jamais, le public est présent aux côtés de Mano Solo. Mais le 9 octobre 95, ce dernier leur envoie un message clair et brutal : "J'ai deux nouvelles, une bonne et une mauvaise. La bonne, c'est que je ne suis plus séropositif. La mauvaise, c'est que j'ai le sida !" La plaie de Mano est cette fois béante et le public en est le témoin impuissant mais bouleversé. Rarement un chanteur aura utilisé aussi lisiblement son art pour exprimer son malaise et sa douleur. Ce concert est présenté à l'époque comme des adieux à la scène après deux ans d'un succès fulgurant.

 
 
 Parenthèse

Après cet épisode, Mano retrouve en 96 son bon vieux groupe, les Chihuahuas pour un album plus politique, plus proche de l'époque punk, comme en témoigne leur look franchement d'époque, un peu "no future"... Mais c'est sous le nom des Frères Misère que sort ce disque. Volontairement, les Frères Misère se veulent un groupe éphémère. Leurs chansons parlent de chômage, de politique, de galère et de racisme. C'est un album urgent, radical et politiquement très incorrect.

Les Frères Misère font de la scène en octobre 96 au Bataclan.

 
 
 La vie qui s'accroche

Avec l'argent de ses disques, Mano Solo monte sa propre maison d'édition qu'il nomme, bien sûr. la Marmaille Nue. C'est ainsi qu'en 96, il sort un roman "Joseph sous la pluie", après un recueil de poèmes paru en 95, "Je suis là".

Finalement, Mano Solo est de retour, en solo, sur la scène musicale le 21 octobre 97 avec l'album "Je ne sais pas trop". L'album a été en grande partie enregistré sur la scène parisienne de l'Eldorado en juin. Un ensemble à cordes accompagne le chanteur pour un concert qui mêle toujours une morbidité omniprésente à une indéniable hargne de vivre. Tous les dessins de la pochette sont signés, comme d'habitude, Mano Solo. Les retrouvailles avec le public sont excellentes et Mano passe trois soirées à l'Olympia en janvier 98, du 15 au 17. En outre, il reprend les tournées quand sa santé le lui permet. 

C'est le cas à l'automne où Mano termine une importante tournée française par une série de quatre concerts à la Mutualité à Paris début décembre. Accompagné de 7 musiciens, il chante ses thèmes de prédilection, l'enfance, la solitude, l'amour et la mort. Il en profite pour présenter trois inédits, "Planète seultou", "Tchou Tchou" et "Naître gitan".

"J'ai tellement parlé de la mort, que j'ai cru la noyer, la submerger de ma vie, l'emmerder tant et tellement, qu'elle abandonne l'idée même de m'emmener avec elle." ("C'est plus pareil").

 
 
 Un homme neuf

En septembre 2000, Mano Solo revient avec un sixième album "Dehors". Étonnamment positif, ce nouvel opus renvoie l'image d'un artiste beaucoup plus serein, débarrassé de la hargne et de la rage qui le caractérisait jusque là, la presse en faisant souvent les frais. De son propre aveu, la révélation de sa séropositivité l'avait enfermé dans un personnage qui lui pesait de plus en plus. D'où ce besoin de se montrer sous un autre jour. Avec "Dehors", apparaissent des sonorités africaines et sud-américaines qui donnent aux morceaux un peu de hauteur comme dans "Il y a sûrement des pays qui valent le coup" titre qui ouvre l'album. Les thèmes abordés sont souvent les mêmes, amour, mort, exclusion, etc. mais il y est beaucoup plus question des autres que de lui-même. Le premier extrait s'intitule "Je taille ma route".

Sa route, il la taille aussi via une tournée qui passe deux jours à Paris au Cirque d'Hiver les 2 et 3 octobre.

Mano Solo dérange et bouleverse. Ses chansons sont des coups de poing inoubliables dont l'écriture et l'interprétation s'inscrivent dans la lignée des plus grands auteurs de la chanson française.

Octobre 2000

 

 

 
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