Volume 9, numéro 1 — Janvier 2009
Les Colocs
Pour dissiper le brouillard de Dédé
Fin décembre 2008, TVA Film annonçait la sortie du film Dédé à travers les brumes, prévue pour mars 2009.
Neuf ans après la mort tragique du chanteur des Colocs, André Fortin, le film promet d'entraîner les spectateurs dans les Cantons-de-l'Est, plus précisément à Saint-Étienne-de-Bolton, où Dédé Fortin et les Colocs se sont retirés pour composer leur plus célèbre mais aussi leur dernier album, intitulé Dehors Novembre.
Durant presque un an, Dédé y compose et écrit ses chansons, la majorité du temps seul, oscillant entre moments de création et périodes d'angoisse profonde. Le chanteur y fait en quelque sorte le bilan de sa vie et revisite certains pans de son passé qui viennent parfois le hanter, parfois l'inspirer.
Articulé autour de cette double trame chronologique, où le passé et le présent du chanteur s'entrecroisent, le film nous fera assister à la fois à la naissance de cet artiste important pour la chanson québécoise, mais aussi à sa lente descente en lui-même qui le mènera à son suicide, le 8 mai 2000. Un acte prémédité, expliqué sur le disque et annoncé maintes fois, et ce, même publiquement, au gala de l'Adisq de 1999, dans l'indifférence la plus complète.
Si plusieurs adeptes des Colocs, dont l'auteur de ces lignes, ont l'impression que Dédé leur a planté un poignard dans le dos en se faisant hara-kiri, ils seront nombreux à se ruer au guichet des cinémas, en mars, pour tenter d'exorciser le sentiment qui les ronge depuis le fatidique geste de leur idole.
Le film viendra illustrer la vie d'un vidéaste, auteur, compositeur et musicien de talent, la vie d'un être survolté mais désemparé, qui avait le monde à ses pieds, mais qui préférait la vie d'oiseau
, comme l'écrivait son gérant, Raymond Paquin, dans son livre-catharsis simplement intitulé Dédé.
Dès le deuxième album, intitulé Atrocétomique (1995), les Colocs avaient expérimenté avec le ska et le reggae, notamment sur la chanson «Hého», à une époque où ce style était pratiquement un passage obligé pour les groupes de musique. Mais sur l'album Dehors Novembre (1998), les Colocs ne font pas que repiquer un style, comme l'ont fait à la même époque Yelo Molo ou Vénus 3, ils réussissent à s'approprier l'âme de cette musique comme personne ne l'avait fait auparavant au Québec, avec les classiques que sont devenues les chansons «Pis si ô moin» et «Tassez-vous de d'là».
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