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Déclaration universelle des droits de l'homme

Histoire de la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme

La DUDH : la première affirmation mondiale de la dignité et de l’égalité inhérentes de tous les êtres humains

Au cours de l’histoire, les conflits, qu’il s’agisse de guerres ou de soulèvements populaires, ont souvent été une réaction à des traitements inhumains et à l’injustice. La Déclaration anglaise des droits de 1689, rédigée à la suite des guerres civiles survenues dans le pays, a été le résultat de l’aspiration du peuple à la démocratie. Un siècle plus tard exactement, la révolution française donna lieu à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui proclamait l’égalité universelle. Mais le Cylindre de Cyrus, rédigé en 539 avant Jésus-Christ B.C. par Cyrus le Grand de l’Empire achéménide de Perse (ancien Iran) après sa conquête de Babylone, est souvent considéré comme le premier document des droits de l’homme. Quant au Pacte des vertueux (Hilf-al-fudul) conclus entre tribus arabes vers 590 après Jésus-Christ, il est considéré comme l'une des premières alliances pour les droits de l’homme.

Eleanor Roosevelt

Photo: Eleanor Roosevelt, Présidente de la Commission des droits de l’homme, regardant la Déclaration universelle des droits de l’homme en espagnol. 

Après la Deuxième Guerre mondiale et la création de l’Organisation des Nations Unies, la  communauté internationale jura de ne plus jamais laisser se produire des atrocités comme celles commises pendant ce conflit.  Les dirigeants du monde entier décidèrent de renforcer la Charte des Nations Unies par une feuille de route garantissant les droits de chaque personne, en tout lieu et en tout temps.

Le document qu’ils examinèrent et qui devait devenir la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH), fit l’objet de la première session de l’Assemblée générale en 1946.  L’Assemblée examina le projet de Déclaration sur les libertés et les droits fondamentaux et le transmit au Conseil économique et social pour qu’il « le soumette à l’examen de la Commission des droits de l’homme….afin qu’elle puisse préparer une charte internationale des droits ».   A sa première session  au début de 1947,  la Commission autorisa ses membres à formuler ce qu’elle qualifia de « projet préliminaire de Charte internationale des droits de l’homme ». Cette tâche fut ultérieurement confiée officiellement à un comité de rédaction composé de membres de la Commission en provenance de huit pays, sélectionnés  en fonction de critères de répartition géographique.

Les personnes derrière la vision : le comité de rédaction de la DUDH

La Commission des droits de l’homme comprenait 18 membres de divers horizons politiques, culturels et religieux. Eleanor Roosevelt,  la veuve du Président américain Franklin D. Roosevelt, présida le comité de rédaction de la DUDH. A ses côtés se trouvaient le Français René Cassin, qui écrivit le premier texte de la Déclaration, le Rapporteur du comité, le Libanais Charles Malik, le Vice-Président Peng Chung Chang de la Chine, et John Humphrey du Canada, Directeur de la Division des droits de l’homme des Nations Unies, qui prépara le premier plan de la Déclaration. Mais c’est Mme Roosevelt qui a vraiment été la force qui a permis l’adoption de la Déclaration.

La Commission se réunit pour la première fois en 1947. Dans ses mémoires, Eleanor Roosevelt se souvient :

M. Chang était un pluraliste qui soutenait, avec beaucoup de charme,  qu’il n’existe pas un seul type de réalité suprême.  La Déclaration, disait-il, ne doit pas se faire le reflet des seules idées occidentales et M. Humphrey devrait adopter une approche éclectique.  Sa remarque, bien qu’adressée à M.  Humprhey, visait en fait M.  Malik, lequel eut tôt fait de répliquer et d’expliquer par le menu la philosophie de  Thomas d’Aquin.  M. Humphrey s’engagea avec enthousiasme dans le débat, et je me souviens qu’à un certain moment,  M.  Chang suggéra que le Secrétariat pourrait bien passer quelques mois à étudier les aspects fondamentaux du confucianisme ».

Trois membres de la Commission des droits de l’homme des Nations Unies.  De gauche à droite : le Dr. Charles Malik (Liban), le Professeur René Cassin (France), et  Mme Eleanor Roosevelt (États-Unis).  ©  Photo ONU

Le texte final rédigé par René Cassin fut remis à la Commission des droits de l’homme qui était réunie à Genève. Le projet de déclaration envoyé à tous les Etats Membres de l’ONU pour qu’ils fassent des observations devint connu sous le nom de  projet de déclaration de Genève.


Le premier projet de déclaration fut proposé en septembre 1948 avec la participation de plus de 50 Etats Membres à la rédaction finale. Par sa résolution  217 A (III) du 10 décembre 1948, l’Assemblée générale, en réunion à Paris, adopta la Déclaration universelle des droits de l’homme, avec les abstentions de huit pays, mais aucune contestation. Hernán Santa Cruz du Chili, membre du sous-comité de rédaction, écrivit :

« J’ai eu le sentiment très clair que je participais à un événement d’une portée vraiment historique au cours duquel un consensus s’était fait sur la valeur suprême de la personne humaine, une valeur qui n’a pas trouvé son origine dans la décision d’une puissance de ce monde, mais plutôt du fait même de son existence qui a donné naissance au droit inaliénable de vivre à l’abri du besoin et de l’oppression et de développer pleinement sa personnalité.  Il y avait dans la grande salle…une  atmosphère de solidarité et de fraternité authentiques entre des hommes et des femmes de toutes latitudes, une atmosphère que je n’ai jamais retrouvée dans une quelconque instance internationale ».

Le texte tout entier de la DUDH a été composé en moins de deux ans. A une époque où le monde était divisé entre le Bloc de l’Est et celui de l’Occident,  trouver un terrain d’entente sur ce qui devait constituer l’essence de ce document fut une tâche colossale.