Expression italienne qui désigne l'état d'inachèvement d'une œuvre d'art. Ce côté négatif de l'œuvre ne mérite l'attention que dans la mesure où il est fortuit ou volontaire, regretté ou apprécié par l'artiste ou par son public. Les sculptures de Michel-Ange et de Rodin illustrent parfaitement cette notion : Michel-Ange parce qu'un grand nombre de ses sculptures sont précisément inachevées, Rodin parce que le non finito est chez lui un moyen conscient d'expression. Le premier pose, de géniale façon, le problème. Ses biographes ont noté et déploré le soin attentif qui le conduisait à choisir lui-même le morceau de marbre dans la carrière et à le suivre dans toutes les péripéties de sa réalisation vers la forme qu'il lui destinait. « Perte de temps » considérable, épuisement inutile des forces du créateur responsables pour les uns de l'inachèvement de tant de sculptures. Incapacité fondamentale (ou maladive ?) de Michel-Ange à terminer une œuvre, répondent les autres. Les deux ensembles seraient sans doute plus près de la vérité. Il est évident que la Pietà Rondanini (Accademia, Florence) inachevée satisfait mieux notre sensibilité contemporaine que la Pietà du Vatican (Saint-Pierre de Rome), la seule achevée et dont le polissage parfait donne au marbre la pureté translucide de l'albâtre.(...)